« Cette rencontre des deux puissants monarques, qualifiée de « l’un des évènements les plus mémorables de l’époque » par l’historien d’Aigues-Mortes M. Di Pietro, a fait l’objet d’une relation très détaillée qui figure au registre des délibérations de la Communauté de l’année 1539.
Dans les premiers jours de juillet 1538, François 1er se trouvait à Avignon lorsqu’il reçut un courrier de Charles-Quint lui proposant une entrevue à Aigues-Mortes. Le Roi se rendit aussitôt à Vauvert où sa cour entière vint l’y rejoindre.
Le 14 juillet, François 1er apprit que l’Empereur venait d’entrer dans la rade avec cinquante deux navires, y compris vingt et une galères de France qui, pour lui faire honneur, l’avaient accompagné depuis Marseille, sous le commandement du baron de Saint Blancard. Aussitôt le Roi monte à cheval et s’achemine vers Aigues-Mortes suivi de sa cour.
Reçu aux portes de la ville par les Consuls et le Gouverneur, au milieu d’une foule nombreuse poussant des clameurs de joie, le Roi est ensuite conduit à la maison du sieur François de Conseil, où il logera pendant toute la durée de son séjour à Aigues-Mortes.
Ensuite dans une chaloupe richement ornée, il se rendit à la rade où il rencontra l’empereur à bord de son vaisseau.
La conversation des deux souverains dura jusqu‘ à l’approche de la nuit. En se séparant François 1er invita l’empereur à venir le rejoindre le lendemain à Aigues-Mortes.
C’est au cours de cette rencontre du lundi 15 juillet, que François 1er et Charles Quint s’engagèrent formellement à terminer leurs différents politiques.
L’empereur avait été logé dans la maison d’Archambaud de La Rivoire, Seigneur de Lecques qui se trouvait en face de celle de Franc de Conseil et il y coucha dans la nuit du 15 au 16 juillet.
Le lendemain, mardi, le Roi suivi de toute sa Cour, des Consuls et des habitants de la ville, accompagna l’empereur jusqu’ à l’embarcation qui devait le ramener à bord de sa galère.
En donnant au Roi la dernière accolade, Charles-Quint lui dit : « Jamais, en aucun lieu je n’ai passé d’aussi agréables journées ».
François 1er rentra dans Aigues-Mortes, il y passa de nouveau la nuit et en repartit le jour suivant le 17 juillet.
Le séjour du Roi et de sa nombreuse escorte, la visite de l’empereur, les fêtes somptueuses données en l’honneur des souverains, avaient occasionné d’assez grandes dépenses.
Pour la nourriture, la Ville de Nîmes avait envoyé six mille pains, trente barriques de vin, en même temps que tous les chasseurs avaient été réquisitionnés pour se mettre en chasse sur le champ, et porter directement à Aigues-Mortes tout le gibier qu’ils auraient tué (sous peine du fouet).
Les pêcheurs d’Aigues-Mortes avaient fourni du poisson en abondance, ainsi que des huîtres qui furent si « fort estimées par l’empereur et le Roi, qu’ils ne faisaient que demander des huîtres ».
L’ensemble des dépenses avait obligé les Consuls à emprunter 850 livres tournois pour les couvrir.
La maison Franc de Conseil où logeait François était reliée à celle d’Archambaud de La Rivoire par une galerie qui traversait la rue en guise de pont.
La demeure de Franc de Conseil était mitoyenne avec une autre maison à arceaux, qui existe encore et qui appartenait à l’époque au seigneur Fornas de la Brosse.
Au XVIII ème siècle elle était la propriété de la famille Théaulon. Le peintre Etienne Théaulon y a vu le jour le 28 juillet 1739, et son neveu Emmanuel, auteur dramatique fécond et apprécié, y naquit le 13 août 1787.
Dans une chambre de cet immeuble se trouvait une cheminée Renaissance de toute beauté et de proportions imposantes, vendue il y a environ quarante ans par le précédent propriétaire à quelque richissime américain. »
Texte extrait du livre « Histoire Populaire d’Aigues-Mortes » de Nicolas Lasserre.
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