À l’aube de la Révolution, la population d’Aigues-Mortes accueille avec enthousiasme les idéaux révolutionnaires. Les habitants forment des clubs de « Sans-culottes », des sociétés populaires et des comités de surveillance, animés par la ferveur politique. Cependant, ces passions donnent bientôt lieu à des événements tragiques dans la ville.
Le 30 novembre 1788, Esparron, premier consul, provoque une assemblée générale qui marque les débuts de la participation active d’Aigues-Mortes dans la Révolution. Quelques semaines plus tard, la ville envoie ses délégués à l’assemblée du diocèse à Nîmes, en lien avec la convocation des États Généraux. La prise de la Bastille est accueillie avec joie, mais les inquiétudes grandissent à mesure que des rumeurs de dévastation circulent.
En 1790, la loi réorganisant les municipalités remplace les consuls par un maire et cinq officiers municipaux. À Aigues-Mortes, les élus prennent leurs fonctions en février 1790. Cependant, lorsque la Constitution civile du clergé est promulguée le 27 novembre 1790, la communauté catholique d’Aigues-Mortes perçoit une menace pour ses traditions religieuses. Cela entraîne l’exil des prêtres réfractaires et la sécularisation des biens religieux. Les chapelles sont transformées : celle des Pénitents Blancs devient le siège des « Sans-culottes », tandis que celle des Pénitents Gris sert de dépôt militaire. Heureusement, certains trésors, comme le retable de la chapelle, sont sauvés grâce à l’intervention de citoyens tels que Jean Sol.
La liberté de culte est finalement rétablie, mais les conséquences économiques sont désastreuses : le travail et le pain se raréfient, déclenchant des troubles et des bagarres. En juillet 1793, après l’assassinat de Marat, les révolutionnaires d’Aigues-Mortes se renommèrent « Maratistes ». Les dénonciations se multiplient, les individus suspects sont arrêtés et emprisonnés à la Tour de Constance avant d’être transférés à Nîmes. La Terreur règne jusqu’à la chute de Robespierre.
Au XVIIIe siècle, les faubourgs de la ville se développent sous forme de cabanes en roseaux, causant la désertion du centre-ville. L’eau potable est fournie par des citernes et des puits. Après la Révolution, les habitants continuent de bénéficier d’un certain privilège : ils élisent chaque année, le 1er novembre, quatre consuls qui administrent les affaires communales. Ces consuls, bien que soumis au roi, exercent un pouvoir local significatif, régissant les finances, la milice, et la protection des intérêts de la ville.
Le rôle des consuls est progressivement réglementé au cours des décennies précédentes, notamment par des arrêts du Parlement de Toulouse en 1765, qui assure une représentation équitable des différentes classes sociales. La nomination des consuls est ainsi structurée selon les professions, de la noblesse aux artisans. Aigues-Mortes jouit également de privilèges en matière de police, exemptée des nouvelles réformes de 1663 grâce à une contribution financière.
Sous Louis XIV, en 1692, un édit instaure des maires perpétuels, mais Aigues-Mortes rachète cet office, maintenant ainsi son système de consulat jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Place Saint Louis - BP 23
30220 AIGUES-MORTES